CHAPITRE II
Lundi 10 août 1914.
M. Dumaine nous télégraphie en clair la courte réponse du comte Berchtold à l’itérative question de M. Doumergue : « Nous n’envoyons pas de troupes vers la frontière française. » Les informations concordantes du ministère de la Guerre et du Quai d’Orsay continuent cependant à rendre fort suspectes ces dénégations officielles. Notre ambassadeur à Berne, le préfet du Doubs, nos services de sûreté, nous répètent à l’envi que les corps d’Innsbruck et d’Agram sont dirigés vers la France et que des troupes autrichiennes sont échelonnées à peu de distance de Bâle et de Schaffouse. M. Doumergue répond donc à M. Dumaine : « Si les troupes autrichiennes ne sont pas transportées sur la frontière française même, elles ne s’en trouvent pas moins dans une région voisine, où nous devons considérer qu’elles sont en soutien des troupes allemandes qui agissent contre nous. Veuillez le faire remarquer au comte Berchtold et