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On continue à nous annoncer que des forces austro-hongroises seraient transportées vers la France40. Notre ministère en Hollande, M. Marcellin Pellet, nous confirme, à cet endroit, les renseignements de notre ministre à Berne41. Mais ce matin encore, le comte Berchtold a répété, en termes catégoriques, à M. Dumaine, que le gouvernement austro-hongrois n’avait pas amené de troupes sur nos frontières42.

M. Doumergue trouve cette réponse équivoque et prie M. Dumaine de demander au comte Berchtold si aucune division austro-hongroise n’a été envoyée vers l’ouest, hors du territoire autrichien.

À Saint-Pétersbourg, il y a toujours surabondance d’idées et de projets. M. Sazonoff voudrait maintenant qu’on fit au marquis di San Giuliano la promesse solennelle d’un concours militaire. M. Paul Cambon déconseille cette démarche officielle. M. Doumergue estime, lui aussi, qu’il suffit d’inviter M. Barrère à entretenir directement de la question le ministre italien, à titre personnel et privé. M. Doumergue a, en effet, de bonnes raisons d’être prudent. Il connaît « de source secrète et sûre » une savante combinazione qui a été imaginée à Rome. On demanderait à l’ Angleterre d’intervenir, aux côtés de l’Italie, entre les deux groupes de grandes puissances pour qu’aucun d’eux ne l’emportât exagérément sur l’autre. M. Doumergue a mis M. Paul Cambon au courant de cette trop ingénieuse conception.

M. Clemenceau lui-même, qui désire si vivement l’entrée en guerre de l’Italie, a craint qu’une petite