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l’occupation de Briey par les Allemands. » Le gouvernement juge avec raison que le préfet aurait dû, à tout prix, se renseigner mieux et plus vite et qu’il est nécessaire de le remplacer. L’occupation du bassin de Briey par les Allemands ne serait rien de moins qu’un désastre, puisqu’elle mettrait entre leurs mains d’incomparables richesses métallurgiques et minières, dont l’utilité peut être immense pour celui des belligérants qui les détiendra. Aux termes de l’ordre général du commandant en chef, les dix kilomètres abandonnés avant la déclaration de guerre avaient dû être repris. Comment ont-ils pu être reperdus et au delà, sans que nous en fussions même avertis ?

De son côté, M. Aubert, préfet de la Meuse, télégraphie qu’il ne peut plus communiquer électriquement avec Bouligny, Mangiennes, Billy et Spincourt, que la gendarmerie de Longuyon a dû se replier sur Marville et que l’infanterie française a eu un engagement avec la cavalerie allemande, en deçà de la frontière, sur la ligne Spincourt — Montmédy.

Le quartier général complète ces indications attristantes. L’ennemi a poussé des éléments sur l’Othain, vers Spincourt, qui est en flammes. Une division de cavalerie allemande a rencontré hier soir le bataillon de chasseurs de Stenay, qui avait été porté en avant et qui a dû se replier sur Marville. Ma pauvre et chère Meuse, la voilà donc, une fois de plus, la proie des armées étrangères…

En Alsace, nous sommes entrés à Sainte-Marie-aux-Mines par le col, mais, au sud, nos troupes ont vainement essayé de déboucher de Mulhouse : elles se sont heurtées à la forêt de la Hardt, qui était puissamment organisée.