CHAPITRE XI
Mercredi 9 décembre.
Me voici enfin revenu à Paris dans cet Élysée que je n’aurais jamais cru pouvoir regretter, mais qui aujourd’hui a, du moins, à mes yeux le mérite d’être plus proche que Bordeaux des armées combattantes et des régions envahies. Le front tend maintenant à se stabiliser partout. Nous avançons de deux ou trois cents mètres dans la région du Quesnoy et d’Andechy, de quelques mètres dans l’Aisne et en Champagne, de quelques centimètres en Argonne et devant Vauquois. À cette allure, il faudrait des siècles pour libérer la France. Mais, quels que soient les obstacles à surmonter, je me refuse au découragement. Être vaincu, comme dit Foch, n’est-ce pas se croire vaincu ? Et du reste, notre situation, si incertaine qu’elle soit, n’est-elle pas meilleure que celle de l’ennemi ? Le plan fondamental de l’état-major allemand a d’ores et déjà échoué. On s’était promis d’écraser la France sous une attaque brutale et de nous mettre, en quelques semaines, hors de cause. C’est à quoi l’Allemagne n’a pas réussi. Notre armée a été éprouvée, mais elle s’est reconstituée, elle a con-