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lignes de la Meuse, appel de tous les hommes en état de porter les armes, lutte sans merci. M. Berthelot s’est ensuite rendu à Louvain. Il a été reçu par le roi Albert dans un petit château à quelque distance de la ville. Il a expliqué au souverain que la France avait fait et continuerait à faire pour secourir la Belgique tout ce qu’il lui était possible d’entreprendre sans compromettre le sort de sa concentration. Avec beaucoup de noblesse et de simplicité, le roi a répondu qu’il n’avait jamais douté de la France et n’avait craint de notre part qu’un trop grand élan, avant que nous eussions toutes nos forces au complet. Il a dit que le général Leman porte sur lui une lettre royale, lui prescrivant de résister jusqu’à la mort. M. Berthelot ajoute31 : « En terminant, le roi a déclaré que la Belgique luttait pour son existence même, qu’elle lutterait jusqu’à son dernier homme contre l’Allemagne et, qu’au besoin, il prendrait lui-même un fusil. Je lui ai demandé la permission de rapporter ces dernières paroles intégralement au président de la République, certain qu’elles plairaient à son ardent patriotisme. »

M. Messimy se félicite hautement de la résistance belge, qui nous permet d’achever à Maubeuge des travaux très urgents. Le gouverneur avait plusieurs fois réclamé des crédits, qui n’ont pu lui être accordés. Notre état-major donnait assez naturellement la priorité à notre défense de l’Est. Mais aujourd’hui c’est peut-être le Nord qui est le plus menacé. Le général Pau, que le ministre a chargé d’aller inspecter la place, l’a trouvée insuffisamment protégée et a ordonné de parer au plus pressé.