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Il avertit M. Barrère ; mais il est, comme moi, d’avis qu’il est impossible de rien promettre à l’Italie, si elle ne nous offre pas un concours positif. L’Angleterre vient, du reste, de donner son assentiment à]a proposition russe de réserver à l’Italie le Trentin et Vallona, si elle sort de la neutralité à nos côtés27. Ce partage du butin avant la bataille me parait, je l’avoue, assez illusoire et même quelque peu ridicule. Défendons-nous, d’abord, la Belgique et nous.

Le roi Albert donne l’exemple à son peuple. En apprenant que le général Joffre avait décidé de mettre à sa disposition, avant même l’achèvement de la concentration française, quelques éléments d’infanterie et de cavalerie, il m’a télégraphié. « Bruxelles, 6 août. — Je tiens à exprimer à Votre Excellence, en mon nom et au nom de mon peuple, ma plus profonde gratitude pour l’empressement avec lequel la France, garante de notre indépendance et de notre neutralité, est venue, répondant à notre appel, nous aider à repousser les armées qui, au mépris des traités ont envahi le sol de la Belgique. » Je lui réponds : « Paris. 7 août. — Je remercie Votre Majesté de son télégramme. J’avais eu l’occasion de lui donner naguère l’assurance précise des sentiments de la France pour la Belgique. L’amitié de mon pays pour le peuple belge s’affirme aujourd’hui sur les champs de bataille. Les troupes françaises sont fières de seconder la vaillante année belge ; dans ]a défense du sol envahi et dans la glorieuse lutte pour l’indépendance. »

Réuni sous ma présidence, le Conseil des ministres décide de conférer à la ville de Liége la