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avec le gouvernement, je lui enverrai une lettre destinée au président et confirmant notre opinion. L’ambassadeur, qui s’attendait à cette réponse, me serre les mains avec effusion et m’exprime ses vœux personnels pour le prompt succès de la France. Après son départ, je rédige quelques mots pour M. Woodrow Wilson ; je les communique à MM. Viviani et Doumergue, qui les approuvent, et nous les faisons porter à M. Herrick, qui les télégraphie à Washington. Je rappelle au président que la France a toujours cherché à préserver la paix, qu’elle a fait pour la maintenir tous les sacrifices compatibles avec son honneur et sa dignité, que malgré des provocations répétées et de nombreuses violations de territoire, elle n’a pas consenti à être l’agresseur, mais qu’elle a été attaquée, en même temps qu’était violé le territoire de pays neutres. J’ajoute : « J’apprécie hautement la pensée qui, en cette circonstance comme en d’autres, a inspiré le chef de la grande République américaine. Vous pouvez être certain que le gouvernement et le peuple français verront en cet acte un nouveau témoignage de l’intérêt que vous portez aux destinées de la France. »

La même démarche a été faite aujourd’hui par l’Amérique à Berlin, à Vienne, à Saint-Pétersbourg et à Londres. Personne n’a jugé possible d’y donner une suite immédiate. Les uns ne veulent pas perdre le bénéfice de leur offensive brusquée ; les autres craignent, en acceptant une tierce intervention, d’encourager l’audace et les espoirs des assaillants.

L’Autriche-Hongrie a même répondu aux bons offices du président Wilson en se décidant à déclarer aujourd’hui 6 août, à 18 heures, la guerre à la Russie. Si l’Allemagne, après avoir mobilisé,