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je répondrai en ces termes à notre ami Mr. Myron T. Herrick, Si c’est effectivement une proposition de ce genre qu’il nous apporte. Il entre et me remet une courte note, signée Woodrow Wilson et ainsi conçue26 : « Comme chef officiel de l’une des puissances signataires de la convention de La Haye, je considère que c’est, à la fois, mon privilège et mon devoir, conformément à l’article 3 de cette convention, de vous dire, dans un esprit de très vive amitié, que j’accueillerais bien volontiers la possibilité d’agir dans l’intérêt de la paix européenne, soit maintenant, soit en tout autre temps qui pourrait paraître plus convenable (more suitable), comme une occasion de vous servir, vous et tous les intéressés, d’une manière qui me fournirait une cause durable de gratitude et de bonheur. » Proposition bien intentionnée, certes, mais timide et embarrassée. Le président Wilson comprend, sans doute, qu’après le bombardement de Liége et les sanglants combats livrés autour de la place, elle arrive un peu tard. Je remercie chaleureusement l’ambassadeur, qui, me dit-il, ne se fait aucune illusion sur l’efficacité de l’offre dont il est chargé. Je lui réponds que, pour aujourd’hui, c’est aux puissances qui ont déclaré la guerre à faire, d’abord, savoir si elles sont disposées, en cas de médiation, à retirer leurs troupes des territoires envahis et qu’au demeurant, nous ne pouvons rien décider sans l’accord de nos alliés. Mais nous sommes très reconnaissants au président Wilson de sa pensée et nous nous la rappellerons, s’il se présente une occasion propice. J’ajoute que, d’accord