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duquel la France a jadis assisté pour complaire à la Russie et que le yacht impérial sillonnait joyeusement il y a quelques semaines, lorsque Guillaume II a appris l’attentat de Sarajevo et la mort de l’archiduc. En revanche, les flottes de la Russie n’ont plus aucun passage pour communiquer avec celles de la France et de l’Angleterre23.

Pendant que l’Allemagne prend ainsi de toutes parts des dispositions de combat, l’Angleterre, qui pas plus que nous n’a voulu la guerre et qui l’a encore moins bien que nous préparée, s’efforce de se mettre le plus vite possible en état de la soutenir. M. Asquith, premier ministre, qui, depuis les événements d’Irlande, avait cru devoir assumer la charge du War Office, vient de la céder à lord Kitchener, qui autrefois s’est volontairement engagé dans les rangs de l’armée de Chanzy pour défendre la France contre l’invasion prussienne et qui a reçu, le 29 mars 1913, la médaille de 187024. Dans une vie remarquablement remplie, lord Kitchener a rendu à l’empire britannique d’incomparables services. Il s’est signalé à Zanzibar, dans la vallée du Nil, aux Indes, en Australie, en NouvelleZélande dans le Sud africain. C’est lui qui, sirdar en Égypte, a battu le khalife près d’Omdurman, a fait disparaître le mahdisme, a occupé le Bahr el Ghazal et a rencontré à Fachoda le commandant Marchand. On ne pressentait guère alors l’Entente cordiale. Les officiers français n’ont eu cependant qu’à se féliciter de la courtoisie de lord Kitchener, qui, du reste, ne pouvait, comme Marchand lui. même, qu’obéir à son gouvernement. Le nouveau