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retour et les mauvais procédés auxquels il a été en butte de la part des autorités impériales. Il avait demandé à partir par la Suisse ou la Hollande : on l’a dirigé sur le Danemark. En cours de route, le major préposé à sa surveillance est venu lui déclarer que s’il ne versait pas une somme de 3 611 marks pour les frais de transport, le train ne poursuivrait pas sa marche jusqu’à la frontière danoise. M. Jules Cambon a offert de remettre en un chèque la somme qui lui était réclamée. On a refusé ce mode de paiement et notre ambassadeur a été forcé de se cotiser avec ses compagnons pour réunir l’or qu’on lui demandait15.

D’autre part, notre représentant à Berne, M. Beau, nous informe que le gérant de notre consulat à Mannheim a été indignement malmené pendant son parcours, avant d’arriver en Suisse, et qu’on l’a enfermé dans un fourgon de bagages. Enfin, d’un télégramme que notre ministre en Bavière, M. Allizé, nous envoie, lui aussi, de Berne, il ressort que son départ de Munich a été aussi désagréablement contrarié que le retour de M. Jules Cambon. M. AlIizé a, de plus, retrouvé à Zurich des membres de la colonie française de Bavière qui disent avoir été insultés et frappés pendant le trajet16.

Pour nous détourner de ces vilenies, nous noua reportons aux nouvelles de Russie. Elles paraissent bonnes. Le grand-duc Nicolas, général en chef, est décidé à engager rapidement l’offensive. Il annonce qu’en signe d’alliance il va faire porter, à côté de son propre fanion, un fanion français