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de l’armée belge7. Il nous dit qu’on évalue les forces totales de l’envahisseur à 120 000 ou 150 000 hommes : infanterie, cavalerie saxonne, hussards de la mort et hussards de Brunswick ; beaucoup de grosse artillerie, d’artillerie de campagne et de mitrailleuses. Que ne sommes-nous sur le même pied ! Coup sur coup, de Liège et de Bruxelles, nous sont adressés des appels émouvants. Dans la cité wallonne menacée, habitants et garnison s’attendent à la très prochaine apparition des troupes françaises8 — La Marseillaise est acclamée. L’état-major de la place prend sur lui d’informer la population que notre armée vient au secours des assiégés. Il demande à notre généralissime de diriger des troupes sur Liège et de les faire précéder d’un détachement de cyclistes. Notre consul nous supplie de répondre, de toute urgence, à la demande de coopération qui nous est adressée. Malgré l’écrasante supériorité de l’ennemi, les Belges résistent, héroïquement. Comment ne serions-nous pas remués jusqu’aux moelles par ces cris de détresse que pousse vers nous une ville amie, romane de race, de langue et de traditions, au moment où l’agresseur la prend à la gorge ? Nous voudrions répondre sans retard par l’envoi d’un fort contingent. Le ministre de la Guerre et moi, nous prévenons le général Joffre.