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dans la métropole notre XIXe corps algérien. Il commence à s’embarquer et va traverser la Méditerranée sous la protection de nos escadres. Le Vergniaud et le Condorcet ne pourront cependant faire partie de l’escorte ; ils doivent aller à la recherche de ce Gœben et de ce Breslau dont nous avons si souvent entendu parler depuis quelques mois5 et dont les allées et venues semblent maintenant très suspectes. Hier, 4 août, les deux croiseurs allemands ont été signalés sur les côtes de l’Algérie. Ils ont bombardé, l’un Bône, l’autre Philippeville. Il y a des morts et des blessés.

Pendant que notre armée se dispose à opérer méthodiquement sa concentration, l’Allemagne, qui a, de dessein délibéré, précipité ses déclarations de guerre, est déjà prête à entrer en campagne et, le 5 août, dès six heures du soir, elle précise son attaque sur Liége6. Dès hier matin, elle a poussé vers la place six brigades commandées par le général von Emmich, et trois divisions de cavalerie, sous les ordres du général von der Marwitz. Aujourd’hui, les forts de la rive droite de la Meuse ont été bombardés. Une colonne d’infanterie a passé ce fleuve, malgré le tir de l’artillerie belge. De vifs combats se sont engagés. Le VIIe corps d’armée allemand a été repoussé avec de grandes pertes, mais la mêlée recommence dans le secteur sud, où arrive, après une marche forcée de quarante kilomètres, le Xe corps ennemi. Notre ministre à Bruxelles, M. Klobukowski, nous annonce que le roi Albert prend le commandement en chef