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La monarchie austro-hongroise, dans l’intérêt de qui l’empire d’Allemagne a déclaré la guerre, à la Russie d’abord, puis à la France, se maintient dans une position paradoxale : elle n’a encore rompu ses relations diplomatiques ni avec la France, ni avec la Russie. Elle vient cependant de recommencer à bombarder Belgrade et de faire une démonstration sur Priboja, dans le Sandjak2. Le bruit court même qu’elle envoie sur nos frontières, en échange de troupes bavaroises ou alsaciennes, le XlVe corps d’Innsprück et des régiments slaves3. En même temps, le comte Berchtold se plaint à notre ambassadeur des « expulsions inhumaines » dont auraient été victimes des sujets austro-hongrois résidant à Paris4 ; et cela précisément à l’heure où le comte Szecsen vient remercier M. Gaston Doumergue de la bienveillance que nous témoignons à ses compatriotes. Néanmoins, le comte Berchtold donne à M. Dumaine l’assurance que la rencontre des forces françaises et des forces austro-hongroises est une éventualité à exclure. Où est la vérité ? Notre ambassadeur a la conviction qu’à Vienne, on cherche simplement à éviter la rupture simultanée des relations avec la Russie et avec la France, parce que les transports des armées autrichiennes en Galicie ne sont pas encore terminés.

En attendant que nous soyons fixés sur le nombre et sur les plans de nos ennemis, nous rappelons