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guerre. Au prix de ses efforts, les nôtres ont été bien médiocres et bien paresseux. Nous avons pour nous notre bravoure et notre droit. Sera-ce suffisant ?

Par bonheur, ce mercredi 5 août, le pays n’obéit qu’à un mot d’ordre : Confiance ! L’union sacré que j’ai appelée de mes vœux et qu’a baptisée mon message au Parlement, s’est réalisée dans tout le pays comme par enchantement. La déclaration de guerre de l’Allemagne a suscité dans la nation un magnifique élan de patriotisme. Jamais, dans toute son histoire, la France n’a été plus belle que dans les heures qu’il nous est donné de vivre. La mobilisation, commencée le 2 août, s’achève aujourd’hui même avec un esprit de discipline, un ordre, une régularité, un entrain qui font l’admiration du gouvernement et des chefs militaires. Elle va mettre sur pied plus de 3 780 000 hommes, dont 77 000 soldats indigènes. Il s’agit maintenant de concentrer pour le combat cette masse énorme de divisions actives, de divisions de réserve et de divisions territoriales. Les transports de concentration commencent immédiatement. Ils exigeront quelque 2 500 trains pour les troupes actives et seront terminés le 12 courant. Viendront ensuite, du 12 au 19, 4 500 trains pour la réserve et la territoriale. Tout se passe jusqu’ici sur nos réseaux avec une précision mathématique, comme si une volonté unique et souveraine veillait à tout.

Le plan de campagne assigné à nos armées est le dix-septième qui ait été établi depuis 1875, c’est-à-dire depuis la première alerte que l’Allemagne nous ait donnée après nos défaites. Il a été adopté le 18 avril 1913 dans une séance du Conseil supérieur de la guerre présidée, au ministère de la