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CHAPITRE XI


La question du port serbe. — La Russie et le casus fœderis. — Tableaux d’histoire de Guillaume II. — Préparatifs militaires en Autriche.


Le port serbe ! Les porcs serbes ! Avec quelle dédaigneuse hauteur l’Autriche et l’Allemagne elle-même jugeaient les prétentions serbes ! C’était toute une doctrine politique qui s’affirmait le mépris des petites nations, qui sont des êtres inutiles et parasites, et que les grandes puissances ont le droit de faire disparaitre ou d’asservir. Certes, devant l’inexorable opposition de la monarchie dualiste, devant la complaisance de Berlin pour son alliée, la Russie avait le devoir de chercher à éviter un conflit, dont les suites pouvaient être fatales à plusieurs nations, et l’attitude qu’elle avait prise lui était commandée par l’intérêt de l’humanité. De mon côté, j’avais tenu à M. Vesnitch le langage le plus ferme, et j’avais donné à M. Descos, notre ministre à Belgrade, l’ordre de se concerter avec ses collègues de Russie et d’Angleterre pour renouveler au gouvernement serbe les conseils de modération. J’avais rappelé la déclaration de M. Sazonoff, que la Serbie ne devait pas espérer entraîner la Russie et que celleci était décidée à ne pas aller jusqu’à la guerre, à propos d’un port serbe dans l’Adriatique. J’avais ajouté que nous nous félicitions de cette décision