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CHAPITRE IX


Succès des alliés balkaniques. – Réception à Vienne et à Berlin. — Voyage à Nantes. — Un programme de M. Sazonoff. — La clause de désintéressement. — Projets de médiation. — Au jour le jour. — La déroute des Turcs.


J’ai fait, je crois, soit dans ma lettre du 15 octobre à M. Paul Cambon, soit dans les observations que j’ai adressées à. MM. Sazonoff et Isvolsky, la part aussi large que possible aux fautes de la Russie et à l’influence que peuvent avoir eue sur la guerre balkanique les accords de Sofia. Il convient cependant de remarquer, non seulement que la Russie a freiné, dès qu’elle a aperçu la possibilité d’une collision, mais que cette collision, ce ne sont pas finalement, hormis le Monténégro, les États balkaniques qui l’ont rendue inévitable. C’est la Porte qui, après avoir répondu à l’Europe par des échappatoires, a rappelé ses ministres d’Athènes, de Belgrade et de Sofia. C’est elle ensuite qui a écarté la note des États balkaniques sans offrir la moindre garantie pour des réformes promises depuis trente deux ans. Moukhtar-Pacha, qui croyait, dit-il, à la défaite turque, constate que ses compatriotes n’y croyaient pas et qu’ils avaient été encouragés dans leur aveugle confiance par l’opinion allemande, autrichienne et même anglaise. Le bruit que l’on avait fait autour de Mahmoud Chevket avait fini par induire une