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CHAPITRE V


Audience de l’Empereur et de l’Impératrice. Réception et cérémonies. Visite de Moscou. La joie de la colonie française. Retour au Condé. Débarquement à Dunkerque.


C’était le lendemain dimanche, 11 août, à Peterhof, que l’Empereur devait me donner audience. Je quittai Pétersbourg un peu avant onze heures du matin par train spécial, avec M. Georges Louis, M. Doulcet, conseiller de l’ambassade, et M. Dæschner. Je n’avais vu l’Empereur qu’une fois, lorsqu’il était venu à Paris en 1896 et que je lui avais été présenté comme vice-président de la Chambre. Il m’avait paru simple et timide. Je n’avais, du reste, échangé avec lui que des paroles insignifiantes et, à vrai dire, je ne le connaissais point. J’interrogeais M. Georges Louis et M. Doulcet sur lui et sur l’Impératrice. Tous deux me le représentaient comme intelligent et loyal. L’Impératrice leur paraissait plus énigmatique. Il commençait à courir sur elle et sur son entourage des bruits singuliers. Le 14/27 janvier 1912, M. Menchikoff avait publié, dans le Novoïe Vremia, un article qui avait fait scandale. À propos de la déposition et de l’exil de Mgr Hermogène, évêque de Saratoff, ce publiciste avait mis en cause un personnage dont on parlait à mots couverts, un moujick sibérien, un moujicot, écri-