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LA VICTOIRE

est prêt à déposer en justice qu’il a apporté, il y a quelques mois, à la section des renseignements un dossier établissant des rapports de Caillaux avec l’Allemagne et que ce dossier a disparu.

Dubost vient avec le bureau du Sénat, Deschanel avec le bureau de la Chambre.

Nous quittons l’Élysée pour rendre, à notre tour, visite aux présidents des deux Chambres. Clemenceau monte avec moi dans mon automobile. Je lui demande, en route, ce qu’il compte faire au sujet de Delanney. « Rien, me dit-il, pour le moment : je ne veux pas avoir l’air de le poursuivre à cause de Caillaux. »

Clemenceau m’apprend que le Crédit Foncier égyptien avait demandé à Caillaux sa démission d’administrateur. Caillaux a répondu par télégramme qu’il avait eu un très grand succès à la Chambre et qu’il était sûr d’anéantir les calomnies. Clemenceau remarque que Caillaux avait déclaré publiquement ne faire partie d’aucun conseil d’administration.

En revenant du Sénat, nous allons au Palais Bourbon. Clemenceau tient, dit-il, à m’accompagner jusqu’à l’Élysée. Il m’y ramène, en effet, et je prends congé de lui au perron.


Jeudi 3 janvier.

Comité de guerre. Abel Ferry assiste à la séance.

Clemenceau me communique une lettre de Lloyd George qui demande avec insistance que la prochaine réunion du Comité interallié n’ait pas lieu à Paris, mais à Londres. Il invoque l’état de santé de lord Balfour, alité depuis quelques jours.

Il donne en outre, comme objet de cette première réunion, l’examen des ouvertures de paix. Clemenceau a préparé une réponse dans laquelle il ne touche pas à cette dernière question ; mais Pichon, qui assiste à notre séance,