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FOCH ET PÉTAIN

commandement italien n’a pas encore consenti.

Dans la nuit du 17 au 18, vers dix heures et quart, coups de canon répétés, puis la sirène. On me téléphone qu’il y a alerte n°2. Nous descendons, ma femme et moi, au rez-de-chaussée dans le salon de Cléopâtre. Nous donnons des instructions pour que les femmes et les domestiques soient autorisés à se retirer dans les caves ; je reçois le général Duparge arrivé immédiatement et je le prie de se renseigner par téléphone. On a simplement entendu un bruit de moteur suspect dans l’air et aussitôt on a déclenché un tir de barrage. L’alerte dure une demi-heure et le canon tonne sans répit. On se décide enfin à revenir au calme et à la raison.


Lundi 18 février.

Longue conversation le matin avec Barrès. Nous parlons surtout de questions académiques.

À midi, chose grave. Herbillon et Challe viennent tous deux m’apprendre que Foch maintient ses demandes de troupes pour la constitution de l’armée de réserve et que Pétain ne croit pas pouvoir céder. En outre, Foch veut aller à Montreuil pour demander des divisions anglaises à Douglas Haig et Pétain craint que cette entrevue n’ait pour résultat de mécontenter Haig et de le faire revenir sur les engagements qu’il a pris envers notre commandement d’accepter ses directives en cas de bataille. Les deux officiers de liaison ne sont pas très favorables à Foch et ils prétendent que son influence sur Clemenceau devient excessive.

Clemenceau continue à courir après les socialistes. Il a nommé commissaire au ravitaillement un des principaux d’entre eux, Compère-Morel ; au recrutement indigène, Diagne ; aux transports maritimes ? Bouisson. Il accorde les passeports aux