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LA VICTOIRE

croit pas à la possibilité d’empêcher une paix séparée, et il craint que l’opposition de l’Ukraine et de la Russie du Nord ne permette à l’Allemagne de faire à la première des conditions favorables, en se payant sur le reste du monde. De cette manière, elle se concilierait l’Ukraine, qui ensuite la ravitaillerait. Il n’y a en Russie ni homme, ni volonté. C’est la déliquescence. Mais, dans l’intérêt de l’avenir, le colonel Langlois croit à la nécessité d’une propagande intensive par la presse et par des agents. « Tout, dit-il, est à acheter. »

M. Paul Labbé, secrétaire général de la France et ses alliés m’invite à de prochaines cérémonies organisées par ce groupement.

Visite de M. Romieu, nommé président de section au Conseil d’État.


Mardi 29 janvier.

Avant le Conseil, Clémentel vient me prévenir que Lémery consent, suivant le désir de Clemenceau, à se cantonner au ministère du Commerce dans certains services administratifs.

En Conseil, Clemenceau, très gai ce matin, fait des gamineries. On accepte sans discussion des solutions proposées séparément par les ministres et préparées dans la coulisse. Le travail collectif du gouvernement est à peu près réduit à néant. Les ministres voient Clemenceau. Il leur dicte ses volontés. Pichon indique ainsi que sur la demande du président du Conseil, il est d’avis d’envoyer en Argentine le baron Portalis avec une mission économique et financière assez vague.

Pichon parle ensuite de la proposition anglaise sur l’intervention du Japon. Il indique qu’il y a adhéré, mais que les États-Unis soulèveront, sans doute, des difficultés.

Il aborde enfin la question de la Roumanie et alors Clemenceau éclate contre Bratiano. « Jamais,