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LA VICTOIRE

Beauvais sur le rôle de conducteur confié à Foch ; mais cette adhésion ne deviendrait définitive qu’au cas où des opérations militaires auxquelles les alliés prendraient part dans les mêmes conditions qu’en France, auraient lieu en Italie. Formule vague, volontairement imprécise, qui réserve à Orlando toute possibilité de discussion sur le concours qui lui serait prêté — et qui pour le moment ne donne aucun droit à Foch. Enfin, Clemenceau dit qu’il est appelé cet après-midi à la Commission de la Chambre pour s’expliquer sur la conférence d’Abbeville.

Pichon indique que l’ambassadeur des États-Unis est venu hier lui demander ce que penserait la France d’une déclaration de guerre à la Turquie et à la Bulgarie. Pichon a répondu qu’il soumettrait la question au Conseil. Le Conseil étant favorable, il écrit pendant la séance à M. Sharp un mot pour l’en informer. Il déclare d’autre part que l’ambassadeur du Japon est venu lui apprendre que le gouvernement des États-Unis avait pressenti son pays sur l’éventualité d’un concours de forces américaines en Sibérie et que le Japon n’exclut pas l’idée d’une coopération alliée.

Sergent expose un projet de carte municipale de tabac.

Georges Leygues se plaint, avec une argumentation très forte, de l’insuffisance de la censure navale et diplomatique. J’appuie ses observations ; mais ni lui, ni moi, nous ne convainquons Clemenceau, porté à croire que sa présence suffit à tout.

Jeanneney présente sous le jour le plus favorable le résultat des négociations de Berne relatives aux prisonniers. Dans son ensemble, le cabinet redoute beaucoup les conséquences de la convention. Lebrun, Klotz, Clémentel et Leygues ne le cachent pas. Loucheur indique le contre-coup