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CLEMENCEAU ME DÉNONCE LES « AMBITIONS DE RIBOT »

anglaise. Il a invoqué la raison de l’identité de langue. C’est évidemment une raison très forte. J’ai dû m’incliner. Je lui ai dit que je ne faisais pas personnellement d’objections, mais je l’ai engagé à se mettre d’accord avec Pétain… Voilà… Maintenant, dites-moi, vous êtes bien avec Ribot ?

— Oui.

— Eh bien, il vient de se conduire très mal. Il a voulu devenir président de la Haute-Cour.

— Est-ce possible ?

— Certainement. Il voulait se présenter contre Dubost pour tromper ensuite les uns et les autres.

— J’ai cru cette histoire inventée. Dubost m’a dit, il est vrai, que Ribot n’était pas resté tout à fait étranger à la candidature qu’on avait songé à poser.

— Non, certes. Mais je me suis mis en travers.

— Oui, Dubost, me l’a dit. Dubost mérite d’ailleurs, par son patriotisme, de rester là où il est.

— C’est une vieille barbe du bon temps, il est bien à sa place en ce moment. Vous savez ? Avant même d’avoir le secret du coffre-fort de Florence, nous étions bien armés contre Caillaux. J’avais envoyé Dutasta à Rome et il avait déjà trouvé une vingtaine de témoins. Salandra lui-même est prêt à déposer. »


Visite du bureau du Sénat. Nombreux et cordial. Préoccupé des événements, mais ferme.

Visite du Dureau de la Chambre, assez nombreux et assez cordial.

Tissier, nommé président de section au Conseil d’État, vient me saluer.

Deschanel, qui a prononcé aujourd’hui un très beau et bon discours patriotique, me paraît indigné des critiques de la presse contre la Chambre. Il me dit qu’à chaque instant on reproche à celle-ci les fautes des ministres.