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L’ALLEMAGNE ET LE MAROC

possible[1]. » M. Théodore Wolff, dans le Berliner Tageblatt, disait que l’idée d’une compensation au Congo était bonne, mais que l’exécution avait été mauvaise. Les chefs du parti national libéral fulminaient : le docteur Paasche déclarait à la Gazette nationale qu’après Agadir, la convention du 4 novembre était un lamentable recul ; M. Bassermann s’écriait dans une réunion publique : « Ces événements ont provoqué une profonde douleur dans le cœur des patriotes allemands… Nous demandons au gouvernement qu’il sache faire usage de la force armée[2]. »

Dans ce Reichstag, où le Kronprinz était venu applaudir, de la loge impériale, le député pangermaniste Heydebrandt, M. de Kiderlen-Wæchter ne recueillait pas la moindre approbation, lorsque, le 10 novembre, il exposait les résultats de sa politique. Devant la commission du budget, les deux parties des accords, celle qui concernait le Maroc, comme celle qui avait trait au Congo, avaient été également critiquées. Le spectre d’une armée marocaine venant grossir celle de la France, avait, de nouveau, hanté les esprits. M. de Kiderlen-Wæchter s’était efforcé de les rassurer ; et d’après un communiqué de l’agence Wolff, il avait conclu en ces termes : « La politique allemande est vraiment parvenue à ses fins. L’Allemagne a seulement abandonné des droits qu’elle partageait avec d’autres puissances, tandis que la France, elle, a cédé des territoires français. » Si puissante était cependant l’influence des nationalistes et des coloniaux que l’ensemble du pays restait aigri et déçu

  1. V. le Temps, 5 novembre 1911.
  2. V. le Temps, mardi 21 novembre 1911.