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À LA CHAMBRE

pondu à M. Jaurès, qui, du reste, n’avait pas pris à partie le gouvernement nouveau, et un ordre du jour de confiance, déposé par M. Paul Deschanel, avait été voté par 413 voix contre 81. Cette faible minorité comprenait, avec les socialistes, quelques députés de droite. M. Maurice Barrés et M, le comte de Mun avaient voté pour le gouvernement, avec les gauches et la plupart des radicaux-socialistes. Le 23 mars, M. Jules Cambon m’écrivait de Berlin : « Permettez-moi de vous faire compliment de la façon dont se sont terminés les débats de la Chambre sur la politique extérieure. Vous avez mis le pied sur la mèche allumée en vue de faire éclater, tous les scandales, et il faut espérer que désormais l’esprit public va reprendre un peu son assiette. Nous en avons grand besoin. Il semble que tout soit détraqué. »

La mèche éteinte, il nous restait, pour régler l’affaire marocaine, à exécuter, d’accord avec l’Allemagne, le traité du 4 novembre 1911, à négocier une entente avec l’Espagne et à organiser le protectorat. Dans cette triple entreprise, que d’obstacles encore à surmonter !

Contrairement à ce qu’on avait pu espérer, le traité n’avait pas amélioré les relations de la France et de l’Allemagne. Des deux côtés de la frontière subsistait un malaise indéfinissable.

En France, il provenait, en partie, des dissentiments qui s’étaient produits entre MM. Caillaux et de Selves et qui, longtemps soupçonnés, avaient fini par être connus et commentés partout. Mais il avait des causes plus générales et plus profondes. Dans un article, écrit peu de temps après le débarquement de Guillaume II à Tanger, M. Jaurès insistait sur la nécessité qui s’imposait, suivant