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À LA CHAMBRE

4 novembre 1911 procure indirectement à l’Espagne des avantages appréciables et la France, qui les a assurés, a droit à de légitimes compensations. (Vifs applaudissements sur un grand nombre de bancs.)

« Quant au traité franco-allemand lui-même, je ne doute pas qu’il ne soit appliqué, de part et d’autre, avec une entière bonne foi. Le gouvernement français est, en ce qui le concerne, résolu à en poursuivre l’exécution avec une irréprochable loyauté. (Applaudissements.) »

La grande majorité de la Chambre avait compris mes recommandations et ne demandait qu’à clore le débat. M. Paul Deschanel, qui avait essayé de parler après moi, et qui avait voulu, en un discours élégant et nourri, traiter l’ensemble des problèmes extérieurs, avait été si mal écouté qu’il avait brusquement quitté la tribune. M. Jaurès avait alors repris, dans une harangue ironique et mordante, la série de ses accusations rétrospectives. Il avait malmené M. Cruppi, M. Caillaux, M. de Selves, et s’était écrié : « Je dis qu’il n’y a plus de Parlement s’ils peuvent se dérober et nous refuser les éclaircissements qu’ils nous doivent. Et je dis que s’ils persévèrent, si M. Caillaux se tait, si M. Cruppi se tait, il faudra qu’ils soient disqualifiés par le Parlement. » A quoi M. Abel Ferry ripostait, non sans à-propos : « Il y a quelquefois plus de courage à se taire qu’à parler. » Le vendredi suivant, l’orateur socialiste renouvela son manège d’agaceries et je vis le moment où il arrachait le bâillon que l’ancien président du Conseil s’était mis sur la bouche.

« M. Jaurès. — Je demande à M. le président du Conseil s’il peut se porter garant que