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LE LENDEMAIN D’AGADIR

répétais : « Nous ne voulons pas, quant à nous, prendre la responsabilité de laisser se prolonger, sans apporter ici la protestation du gouvernement, un débat qui risquerait de créer un grand préjudice au pays et des malentendus entre des hommes qui, par des procédés parfois un peu différents, mais avec un idéal commun, se sont loyalement efforcés de bien remplir, à leur place et à leur heure, leur devoir de bons Français. »

J’annonçais ensuite que notre ministre à Tanger, M. Regnault, allait partir, le jour même, pour Fez et faire signer au sultan un traité de protectorat, qui serait le corollaire de l’acte du 4 novembre et serait soumis, le plus tôt possible, à l’approbation des Chambres.

« Dès maintenant, disais-je, et sans porter aucune atteinte aux conventions existantes, nous prenons nos dispositions pour consolider notre situation au Maroc et pour la développer par étapes. Le traité de protectorat ne fera par lui-même que consacrer nos droits vis-à-vis du Sultan. Mais il devra être immédiatement suivi d’une organisation administrative et de l’établissement d’un budget… Cette œuvre indispensable et urgente est tout à fait indépendante de la bonne marche de nos négociations avec l’Espagne ; nous pourrions l’entreprendre et la poursuivre dans l’intérêt de l’ordre et de la paix, et au profit de la civilisation, alors même que nos pourparlers avec l’Espagne se prolongeraient davantage. (Applaudissements sur de nombreux bancs.) Le gouvernement de la République apporte, dans sa conversation avec la noble nation voisine, un vif désir de conciliation. Il en a jusqu’ici donné des preuves nombreuses ; mais il ne peut perdre de vue que le traité du