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LE LENDEMAIN D’AGADIR

M. Foncière avait été autorisé ou invité par M. Caillaux à parler comme il avait fait, s’il avait été, comme il devait le dire plus tard, le négociateur ou l’intermédiaire de l’ancien président du Conseil ou simplement, comme l’affirmait M. Caillaux, un informateur ? Je voyais avec clarté tous les inconvénients d’une telle discussion et je n’apercevais pas le profit qui pouvait en résulter pour le pays.

M. Caillaux avait tenu à constituer un dossier, où il avait réuni tous les documents qu’il jugeait être de nature à le laver des reproches dont il était l’objet, et il m’avait demandé de le classer au ministère pour sa justification ultérieure. Je pris connaissance des pièces, comme M. Caillaux m’en priait, et je les laissai au quai d’Orsay. De son côté, M. Jules Cambon m’envoya, pour qu’elles fussent également déposées aux archives, les lettres qu’il avait écrites, pendant les négociations, à l’ancien président du Conseil, et je dois dire que, si notre ambassadeur à Berlin avait été désagréablement surpris, sous le ministère Monis, de la mission officieuse qu’à son insu, M. Fondère, administrateur de sociétés coloniales, avait remplie auprès du docteur Semler, vice-président du Reichstag, en s’autorisant du nom de M. Caillaux, alors ministre des Finances, il avait, au contraire, trouvé légitime que plus tard M. Caillaux, devenu président du Conseil, eût pris en main la direction des pourparlers. « On eût beaucoup étonné, disait-il, M. Thiers, si on lui eût contesté le droit d’avoir une correspondance privée avec M. de Gontaut-Biron, pendant que M. de Rémusat était aux Affaires étrangères. »

Il semblait bien, d’ailleurs, qu’en général,