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M. JACQUES PIOU

pris par l’Italie de ne pas participer à une attaque de l’Allemagne contre la France ? J’avais désigné comme successeur de M. Bapst, à la direction vacante des affaires politiques, M. Maurice Paléologue, dont je viens de parler. Ministre de France à Sofia, il avait été mon condisciple à Louis-le-Grand et je n’avais cessé d’entretenir avec lui des relations amicales. « M. Piou, lui dis-je, est intraitable. Ne connaîtrais-tu pas quelqu’un qui pût lui faire entendre raison ? » M. Paléologue me proposa d’aller lire confidentiellement l’accord franco-italien au comte d’Haussonville, mon confrère de l’Académie, et de lui demander s’il ne consentirait pas à intervenir auprès de M. Piou. M. d’Haussonville accepta de bonne grâce cette mission officieuse. Quelques heures après, M. Piou venait au ministère et déclarait qu’il renonçait à sa motion. « Le comte d’Haussonville m’a convaincu, disait-il ; je me doutais bien qu’il devait y avoir une contre-partie aux clauses publiques de l’accord, mais j’avais cru qu’il s’agissait d’un engagement pris par le président de la République d’aller à Rome faire visite au roi d’Italie. »

Cet exemple de discrétion allait-il être imité par tout le monde à la Chambre ? Je n’avais que trop de raisons d’en douter. MM. Barrère, Paul Cambon, Jules Cambon, me conseillaient à l’envi d’empêcher une reprise de la discussion.

De Londres, M. Paul Cambon m’écrivait le 23 février :

« Cher Monsieur le Président du Conseil,

« Je n’ai pas encore eu l’occasion, et je vous prie d’excuser mon retard, de vous féliciter de