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AU SÉNAT

Dans des différends qui ne toucheraient pas à l’honneur et "à la dignité, l’arbitrage de la cour de la Haye nous offrirait le moyen de résoudre pacifiquement les questions que soulèverait l’exécution du traité. Il y a dans le texte même de la convention, un témoignage important de l’intention conciliante et de la sincérité des deux parties. » Je confirmais, d’ailleurs, ce que M. Ribot avait fortement marqué au nom de la commission, que l’accord n’impliquait pas le changement de notre politique générale.

« Notre alliance avec la Russie, notre entente cordiale avec l’Angleterre sont des articles intangibles de notre programme extérieur et, comme le disait hier encore M. Ribot, si jamais, par impossible, un gouvernement aveuglé s’écartait des lignes directrices tracées par la volonté réfléchie de la France, il se briserait à la révolte de l’opinion publique indignée. Notre politique étrangère se pratique heureusement, de plus en plus, sous le contrôle éclairé des Chambres et de la nation. Ce n’est pas le gouvernement actuel qui se plaindra de cette légitime surveillance. Il cherchera, au contraire, à rester toujours en communion d’idées et de sentiments avec le pays, qui a donné, aux heures critiques, de si admirables exemples de concorde, de sagesse et de sang-froid. La France républicaine est profondément pacifique, mais elle voit le meilleur gage de la paix dans la conservation jalouse de sa puissance militaire, navale et financière, dans le maintien de nos grandes traditions nationales, dans une défense attentive et persévérante de nos droits et de nos intérêts. »

Le Sénat ne me ménagea point ses applaudissements. M. Clemenceau me répliqua. Il n’était pas