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CHAPITRE III


Le vote du traité franco-allemand. — L’opposition de M. Clemenceau. — La Chambre écarte des interpellations rétrospectives. — Première condition du règlement de l’affaire marocaine : l’exécution de l’accord. — Difficultés suscitées par l’Allemagne.


Trois jours après la clôture des interpellations sur la Tunisie, le lundi 5 février, s’engageait au Sénat la discussion du traité franco-allemand. J’avais fait tout ce qui dépendait de moi pour qu’elle ne fût pas retardée. Le président de la commission, M. Alexandre Ribot, et le nouveau rapporteur, M. Pierre Baudin, avaient de leur mieux secondé mes intentions. J’eusse également souhaité que personne ne ranimât des querelles qui commençaient à s’apaiser. Mais avant mon arrivée au ministère, M. Clemenceau n’avait pas été seul à connaître les « verts » — ou télégrammes allemands déchiffrés, — et comme il était impossible d’en parler tout haut sans offrir à l’Allemagne un motif de plainte, trop de gens avaient pris la liberté d’en parler à voix basse. Un distingué sénateur de droite, M. Jenouvrier, fit allusion aux conversations relatées dans ces pièces ; M. de Selves répondit qu’il ne connaissait pas ces entretiens et M. Caillaux, le soir même, publia un démenti. Comment, en effet, avouer