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CHAPITRE XII


Les tracts de Hambourg. — Malentendus entre M. Sazonoff et M. Georges Louis. — Les démarches de M. Isvolsky. — M. Georges Louis à Paris. — Clôture de l’incident.


On ne peut pas davantage, à moins d’imposture, alléguer qu’à un moment quelconque, il se soit élevé, à propos des Détroits, un désaccord, même léger, entre M. Georges Louis et moi. Jamais une pièce, contemporaine de l’ambassade de M. Louis, n’a été ni ne sera produite à l’appui d’une telle allégation. Et ce qui est vrai des Détroits, l’est également des autres questions politiques que nous avons eues, lui et moi, à étudier pendant la durée de mon ministère. Il n’y a pas, en 1912, une seule lettre, pas un seul télégramme de lui à moi, ou de moi à lui, qui marque un dissentiment, même accidentel et passager. Dans aucune de nos entrevues, M. Georges Louis ne m’a témoigné qu’il pensât autrement que moi. Jamais il ne m’a soumis une de ces observations ou de ces critiques respectueuses qu’un ambassadeur a toujours le droit, souvent même le devoir, de présenter à son ministre. Que si, dans un sentiment outré de discipline, ou par simple timidité, il craignait de s’adresser directement à moi, il avait dans le cabinet d’anciens chefs comme MM. Léon Bour-