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CHAPITRE II


La saisie du Carthage. — Origines et conséquences de la guerre de Tripolitaine. — Menaces de complications. — Répercussion en Afrique et en Orient. — Le Manouba. — Le Tavignano. — Arbitrage et règlement amiable. — M. Tittoni et Léonard de Vinci.


À peine rentré du Palais Bourbon, j’avais eu la preuve qu’en dépit du traité du 4 novembre, le Maroc nous réservait encore des surprises de toutes sortes. Les événements de Fez avaient eu leur écho en Italie et le cabinet de Rome, en guerre avec la Porte, à propos de la Tripolitaine, faisait sans indulgence la police de la Méditerranée. À la fin de l’après-midi du mardi 16 janvier, j’avais reçu de notre Consul à Cagliari un télégramme m’annonçant qu’un navire français avait été saisi par les autorités italiennes. Des renseignements complémentaires n’avaient pas tardé à me parvenir. Le paquebot-poste Carthage, de la Compagnie Transatlantique, qui devait arriver à Tunis dans la journée du mardi, avait été arrêté en cours de route par des torpilleurs italiens, qui l’avaient sommé de les suivre à Cagliari, sous prétexte qu’il transportait un aviateur français et son appareil. En fait, cet aviateur, M. Duval, se rendait à un concours aérien qui devait avoir lieu, dans la semaine, à Tunis. Mais l’Italie prétendait qu’un