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LA COMMISSION DU SÉNAT

adopta, par 440 voix sur 446 votants, un ordre du jour de confiance, déposé par MM. Dalimier et Verlot.

S’étaient abstenus la droite, à l’exemple de M. le comte de Mun, de M. Denys Cochin et de M. Piou, et les socialistes, à l’exemple de MM. Jaurès, Jules Guesde et Vaillant. M. Caillaux avait voté pour le cabinet, ainsi que MM. Painlevé, Paul-Boncour, Viviani. Il n’y avait eu, d’aucun côté, opposition violente. On nous attendait à l’œuvre, mais sans hostilité. Le dimanche, lorsque j’étais allé voir les présidents des Chambres, M. Antonin Dubost et M. Henri Brisson, tous deux, et ce dernier particulièrement, m’avaient prodigué les compliments et les vœux. Dans mes visites au corps diplomatique, j’avais été reçu partout avec des prévenances qui n’avaient pas la froide banalité des politesses officielles et qu’on croyait, sans doute, devoir à un gouvernement assuré du lendemain. La Gazette de Voss, rendant compte de la séance de la Chambre, disait : « C’est un succès inouï dans l’histoire du parlementarisme français. Il semble qu’un groupe de personnalités se soit trouvé en France, qui désire réagir contre le jeu d’intrigues médiocres. Les petits politiciens ont battu en retraite devant eux. » Le Lokal Anzeiger, journal gouvernemental, ajoutait : « La séance d’hier au Parlement français a été très favorable. Le ministère a remporté un grand succès de confiance. »

Il s’agissait maintenant de justifier cette confiance et, d’abord, de régler l’affaire marocaine.