Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 1, 1926.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
LA COMMISSION DU SÉNAT

qu’il n’a jamais cherché à imposer sa candidature à la présidence du Conseil.

En Espagne, ou l’opinion avait été très surexcitée contre M. Caillaux, on considérait que la formation du cabinet était de nature à dissiper les défiances.

En Italie, applaudissements unanimes. « Depuis le ministère constitué sous la présidence de Gambetta, disait la Tribuna, on n’a jamais eu à enregistrer un cabinet composé d’autant de personnalités de premier ordre. Il est clair que M. Poincaré, en conservant les collègues les plus autorisés de M. Caillaux, s’est inspiré de la pensée qu’il avait de convaincre l’opinion publique française, peu satisfaite de l’accord conclu avec l’Allemagne. Aucun homme politique autre que lui ne pouvait, à l’heure actuelle, assumer pareille responsabilité. » « Il y a longtemps qu’on n’avait eu en France un ministère semblable, écrivait le Corriere della sera. L’homme qui a assumé la mission de former le cabinet a un prestige trop grand pour que ses tentatives ne soient pas couronnées de succès. »

On excusera des citations qui prennent figure d’apologie. Je ne me les permets que pour rappeler aux esprits oublieux l’état d’inquiétude où se trouvaient la France et l’Europe elle-même aux premiers jours de 1912. Les félicitations que je recevais de toutes parts s’accompagnaient de soupirs de soulagement. Celles qui me touchaient le plus profondément étaient peut-être celles de mes anciens présidents du Conseil, MM. Sarrien, Ribot et Charles Dupuy, celles de mon ancien collaborateur Liard, et celles des veuves de mes anciens maîtres, Mmes Jules Ferry et Waldeck-Rousseau.