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CHAPITRE IX


Politique de la France envers l’Autriche-Hongrie. — Tentatives de marchandage imaginées à Vienne. — Demandes d’admission à la cote et projets militaires. — Le comte Berchtold succède au comte d’Aehrenthal. — M. Dumaine remplace M. Crozier. — M. Paul Deschanel en Autriche.


La guerre de Tripolitaine s’étendait dans l’espace et dans le temps. L’Albanie s’agitait. La Macédoine fermentait. C’est le moment que notre ambassadeur à Vienne, ancien chef très distingué du protocole, choisit pour essayer de faire un tour de valse avec l’Autriche.

Quelles étaient exactement, en 1912, les relations de la République française avec la monarchie dualiste ?

L’Autriche-Hongrie était représentée à Paris par un grand seigneur de belle prestance et de tenue un peu altière, le comte Szécsen de Temerin, qui était, du reste, un très galant homme et avec lequel j’ai eu, jusqu’à son départ, d’excellents rapports personnels. Les instructions qu’il recevait de son gouvernement étaient en général assez conciliantes. On ne pouvait complètement oublier à Vienne la bienveillance qu’avait montrée la France, en 1908-1909, dans l’affaire de Bosnie-Herzégovine. Chargée par le Congrès de Berlin d’occuper et d’administrer ces deux provinces