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mousselines, des fanfreluches qui s’envolent tourbillonnantes : rien de plus. Ou au Corso, marchande de fleurs très offrante, de sa voiture elle vous grêlait les trop curieux de confettis invisiblement sous le floconnement des pétales. Et, par derrière ce mutin frou-frou de ses costumes, elle ne s’en faisait pas accroire. Même elle ne supportait qu’on la prit pour autre chose, qu’on pensât d’elle plus loin que ce qu’elle montrait. Et elle ronronait comme se frôlant à une bimbeloterie.

Le pauvre Russe, sans une plainte, restait dans sa loge. Aux bras d’autres il la voyait danser. Il se disait qu’elle ne les aimait pas plus que lui. Imposer ses douceurs splénétiques à cette fille qu’il aimait ! jamais ! Il y avait une abnégation sublime dans ses silences. Et l’assidu Wyl, en une mystifiante surveillance, pour distraire sans doute les ennuis de « son cher ami », lui versait du Champagne ; lui seul pourtant vidait sa coupe. Et quand Ludine revenait un moment, le Russe considérait cela une faveur, cette minute dérobée à ses plaisirs de folle presque honnête…

Elle ne crut pas d’abord à sa phthisie, puis, la constatant bien déterminée, elle n’y prit guère plus garde, eut une tristesse comme pour un malade quelconque. Elle ne songeait pas à