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formes crépusculaires, des illuminations de ciel, des gazes qui se déchirent au flanc des monts le matin, au-dessus de la mer vers la nuit. Voyant ces candides beautés de Nature, elle aimait de celle-ci son impersonnalité étendue à l’infini. Un homme eut été par elle vite connu, retourné ; et puis, elle les constatait parleurs, versatiles, ou alors absorbés en d’autres soins. Elle supposait bien l’existence d’hommes sages, mais ne tenait à faire leur connaissance ; cela eut été long, probablement ennuyeux. La Nature, un palmier par exemple, elle jouissait d’en regarder la forme élancée, les découpures lamées des feuilles, le vert rayonnement balancé ; un oranger, elle en chérissait l’arôme, la rondeur de globe du fruit si joliment jaune ; à ces arbres, elle trouvait un air de luxe, à l’olivier surtout du mystère. La nuit ou le jour ils n’étaient pas pareils. Ils avaient donc un rapport avec la lumière des astres. Qui pouvait dire tous les liens des êtres !.. qu’est-ce qui limitait la vie !.. Sans se le définir, c’était à la Nature que Didi gardait son cœur.

Les hommes, pour peu qu’elle les vît en caleçons de bains, lui étaient répulsifs. Elle eut craint de respirer une odeur malpropre de gens pas assez soignés ; tout au plus, elle eut accepté dans sa chambre une statue de marbre déshabillée. De facétieuses tendances, la portant à rire de