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tant il veillait à l’immaculation de ses souliers roses.

Et, comme il avait été traîner sa maladie par l’Italie dans un rêve blanc, il rapporta à Ludine des photographies de Pompéï. Elle ne les regarda seulement pas, en fit cadeau à Lazarine pour sa petite. Elle chérissait Nice. Que lui importait le reste du monde ? Bien sûr, elle aimait l’Italie, le pays des chaleurs rouges, mais elle aurait eu horreur, alors, d’un déplacement. Et puis, c’était si près, l’Italie ; elle n’allait pas s’engloutir. D’ailleurs, Nice n’était-il pas aussi le pays des fruits d’or ! la différence entre les deux contrées ne devait guère être que dans les costumes.

Elle s’oubliait à entendre des chants d’Italie. Le chant avait beau n’être qu’une répétition endormante de la même note, une note cuivrée. Cela l’émoustillait, la tenait en haleine, tandis qu’une mélodie à résonnance étouffée de Schubert l’eut laissée froide. Le mouvement léger de l’opérette aussi lui plaisait. Les musiques, comme l’âme, n’ont-elles pas leurs climats ? Et justement, quand dans le jardin de la villa les plus hailloneux des musiciens ambulants, à sombreros, à alpargates, aux figures évasives, à la mimique pantalonnante, se mettaient à siffler dans des flûtes italiennes, ou même à battre sur une caisse d’un jaune qui éclatait alors doublement,