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si peu méchante, au fond, qu’elle n’aurait vu écraser une mouche sans une pitié. Comme son amie, elle affectionnait le monde des bêtes. Un jour qu’un des chiens, échappé sans collier, avait disparu, elles s’inquiétèrent réellement. Ludine aussi ne détestait la petite avec ses yeux qui se dérobent, avec son air fin et calme, sans jamais une menterie ; elle l’emmenait promener, à côté d’elle, en voiture. Lazarine d’ailleurs avait des élégances, en sa svelte tournure. Ces dehors mondains faisaient illusion sur sa vulgarité de paroles.

Et puis elles ne se confiaient pas aux hommes… Se rencontrant donc dans cette maison, avec certaines similitudes d’une complexion intérieurement comique et aux dehors non sans désinvolture, elles s’unirent forcément. Alliance instantanée, point convenue, oh chacune à l’autre s’adosse comme à un point de résistance dans cette vie aux prises avec l’élément mâle. Et elles pourront se quitter comme elles se sont connues. En compagnie de Lazarine, Ludine ne se dissimulait pas, gardait la liberté de ses saillies, tout crûment crachait bien des vérités, devant des messieurs en habit noir qu’elle s’amusait à déshabiller. Et leur queue de morue aplatie, qu’elle avait une envie de leur arracher ! un peu plus, elle y eut suspendu une babiole. Et