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il avait appartenu à l’arrière grand’mère maternelle. Mais de ses huit cents francs à elle emportés du pays, rien ne lui restait plus.

Un homme la côtoie, sans qu’il y paraisse, comme en une entière inoffensivité. Il lui offre même ses services… Wyl a la tenue décente, le langage sympathique. Avec sa barbe noire point longue, ses yeux bleu-livide à la pointe qui par instants apparaît perçante, sa teinte de peau qui serait celle d’un homme dont la transpiration refroidie garde un faux luisant, il porte cette tête joliment découpée et illisible sur un corps assez mince, très assoupli, sachant se couler ou s’affermir. Son métier si compliqué, il le tisse avec les jeux d’une physionomie très polie. Ses paroles semblent au premier venu irrépréhensibles, mais elles ne sont creuses que si on n’y cherche pas un sens inavouable.

Puis, Ludine sent une disconvenance à user du singulier personnage. Sa chair éprouve des répugnances… Elle a une pudeur du déshabillé…

Une après-midi, au jardin public, elle s’oubliait, écouteuse de la musique, à se bercer un peu, presque à l’écart, quoique ce public méditerranéen fût loin de lui déplaire, mais d’instinct elle se reculait des foules, savait s’y clapir en des absences. Et glissait le livre point com-