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Quoique très peu parleuse, Ludine n’aimait à rester seule. Elle se rapprochait donc toujours de sa mère, qu’elle ne tutoyait pas. Discrètement elle se frôlait à elle. Et l’une et l’autre, sans bavarderie, demeuraient ensemble, diversement occupées, mais en communication fluidique.

Pendant une fièvre typhoïde de la maman en plein hiver, Ludine la soigna toute seule, fervemment. Les tantes, prétextant l’épidémie, avaient disparu. Le père était en courses commerciales et maçonniques. L’enfant donc avait, pour elle toute, cette charge, et fort bien elle s’en acquitta, comme d’une mission de son cœur. Peu de fois vint le médecin. Et pour ne point manquer ses prescriptions pharmaceutiques, Ludine marquait sur l’almanach les jours, sur la montre de sa mère les heures, où se devaient donner les doses. Séraphine, qui en bas veillait au grand-père, cette très malchanceuse fois atteint d’une esquinancie, ne pouvait qu’à peine aider à la besogne filiale. Et voilà que le curé vint administrer la malade, presque mourante.

Dès que de la fenêtre Didi voit, entend dans la rue la sonnette, funèbrement agitée par l’enfant de chœur, elle va s’enfermer à côté, dans sa chambre. Elle ne l’aime pas, ce curé. Elle pleure son cher M. Amaldru, maintenant mort. Si sa mère aussi mourait ! Oh ! combien elle serait seu-