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couchée sur le dos, les mains lacées dessus la tête, et partant avec les ombres du ciel qui rasent terre. C’étaient les rêveries de la pastouresse des premiers âges, mais sans que la garde d’un troupeau réglât celles-ci, leur donnât le charme d’un délassement dans l’occupation, la fatigue physique. Et, tandis que, mâchonnant des alizes, une griotte, elle lançait ses grands yeux dans la nue passante, dans les courts interstices d’azur, elle paraîssait quérir, agourmandie, l’étoile invisible derrière, son étoile du berger tant regardée, des soirs. Son cerveau réfractait les différences d’alentour, par lui passagèrement recueillies.

Et une graminée mise en boucle qu’elle glaçait de salive, puis piquait du suc laiteux d’une herbe particulière, elle l’observait se diaprer. Devant le petit monde infini de ces nuances, elle s’extasiait, l’œil éclaboussé de pointes violâtres, de pointes glauques, de pointes de perle… Mais il lui prenait des impatiences de ne dénicher jamais par les prés le trèfle à quatre feuilles, par lequel tous les souhaits s’exaucent.