Page:Poictevin - Ludine, 1883.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

là, l’eut fait trépider douloureusement ; quand la chaussait la Séraphine, elle se cramponnait à ses épaules. Longtemps aussi elle ne sut s’habiller seule… De ses ongles pointillés de blanc on lui avait dit, à l’école, que c’étaient des mensonges ou bien des espérances ; et, comme elle ne mentait pas, elle croyait à celles-ci, sans même se demander quelles elles pourraient être…

Et pour combattre l’uniformité de sa vie, il lui fallait de plus en plus du soleil dans quelque chose de Nature. À la fin des hivers, comme elle espérait les muguets, son emblème de mai, puis les pardons qui lui disent l’été ! Cassant des branches de cytise, elle peinait de ce que déjà celles-ci semblaient flétries. Quand, en automne, elle voyait sur les hauteurs les arbres jaunir, elle se les supposait appartenir à un pays qu’elle ignorait et qui serait loin… Elle eut voulu se transporter définitivement en un lieu où les collines fussent couvertes de mousse roussie. Les frimas de son Jura l’exaltaient sur ce pays inconnu. Elle ne cherchait donc pas un bonheur imaginaire. Les terrains brûlés seraient simplement le climat salutaire, hospitalier. Le froid la faisait tant pâtir !

Puis il croîssait en elle quelque vertu secrète d’ensauvagée. Elle semblait une curieuse de la Nature, dans ses poses de fillette insouciante,