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pouillé un parent et ne souffrit de cette infirmité qu’après la pauvre fin de celui-ci. Ludine derrière les persiennes guettait ce démanguillé, quand s’arrêtant il s’exclamait, pris de terreurs superstitieuses et s’imaginant devoir son mal au rancuneux revenant : « Grand Bâti, viens me décramper. » Sa fille Mélitine, une encore jeune cafetière, grassouillette, proprette, faisait à la petite des dons comme en camaraderie, de sucre imbibé, d’amandes…

Un porte-balle, passant trois fois par année au village, se fixait dans son souvenir sous la forme déchevelée d’un errant à perpétuité.

Et elle ouvrait grandes ses oreilles, si on parlait de l’hommasse contrebandière, jamais habillée en femme, et que ne savait prendre sur le fait la gendarmerie. Au village de temps à autre celle-là se montrait, point furtivement, même se concertait sans peur avec un vagabond, également imprenable, Mistenguerre, à qui jamais on ne put spécifier ses délits.

Et monsieur Ponsard donc, avec ses lunettes qu’on ne le voyait toucher jamais, appareil de verre et de laiton, seyant à ce personnage de fable à la tête bonasse, louche, à l’œil sec et vague, à la peau imperméable et pâteuse. Cet assez gros bonhomme, les écoliers ne l’écoutaient guère, car on l’entendait à peine ; mais ils le crai-