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passe-temps de la petite. Mais elle préférait couratter, n’être pas vue, par quelque besoin inné de se façonner toute seule. Des après-midi entières, elle les passait à la rivière, en savates, gassouillant, pincée par les écrevisses qu’elle cherchait à saisir ; tout près, de jolies lavandières, sautant sur les gros cailloux polis, se trémoussaient, et Didi regardait leurs queues longues qui basculent. Ni les brusqueries égoïstes de son frère, ni les remarques malveillantes des tantes ne la venaient déranger, quand dehors elle rôdait.

Elle avait été gênée par les sourires de l’une d’elles, qui lui laissait mal prononcer des noms difficiles et ne la corrigeait pas. Cela la faisait se renfrogner en des moues inquiétées, pleines de fermentations.

Et elle redoutait d’attirer l’attention. Tout un mois, elle resta souffrante des entrailles, sans se plaindre, terrorisée à la prévision d’une visite de médecin. Il ne fallait pas qu’on l’examinât, la touchât.