Page:Poictevin - Ludine, 1883.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’à de longs intervalles. Pourvu qu’on ne la tourmentât pas, qu’un jour se passa sans école, qu’elle fût libre de gambader, de se rebatter, s’étendre près les lacs, les rochers avec leurs grus de pierre si tenaces, avec leurs échos qui viennent on ne sait d’où ! L’autre, surveillant le troupeau, éperdument vite faisait un bas, et Ludine de suivre la navette de ces doigts « en pattes de grenouille. » Ils lui convenaient ces silences, ces surprises des bruits, des souffles, ils la distrayaient dans du vague, et, un peu à son insu, elle possédait des plaisirs. Une clochette campaînait, lui rendant un instant une précise sensation du lieu. Ses yeux se posaient sur l’emplacement ruiné d’un couvent dont les sœurs du temps des Espagnols étaient parties « rondes », à ce qu’on disait. Mais vite, elle revoyageait dans des formes indéfinies, tissées de ce blanc un peu flocheux des fils de la Vierge. Et cela avec un côté très net dans l’esprit. Les nuages, dont on lui avait dit que c’était de la pluie suspendue, elle n’y voyait, n’y cherchait pas autre chose.

Elle échappait aux classes, ne s’y intéressant aucunement. Étourdie, elle ne pensait pas à ses lectures, une fois le livre fermé. Et cependant, elle aimait bien à lire, près de la cheminée, non loin de sa mère, qui ne s’enquérait trop des