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allaient grincer peut-être. Longtemps, les robes, accrochées là, furent les corps décapités et pendus des femmes de Barbe-Bleue, un des contes de Séraphine. Et une immense baignoire aussi, dans ce cabinet, était effrayante… Mais la menotte, déjà pas mal grande, se faisait lâche, et l’enfant coulait, dans l’ensommeillement, à l’oubli de la peur, à l’oubli rapide de tout… Et la vieille cachait mignonnement sous les couvertures la main de Didi, reprenait la sienne à la dérobée et, hanchant démesurément dans sa retraite à longs pas doux, une dernière fois écoutait si la respiration nasillante avait le calme voulu pour toute la nuit…

Quand elle mangeait, c’étaient parfois d’insurmontables dégoûts. Elle rejetait dans sa main, en se détournant, la morue à la sauce blanche, le mouton rôti, les donnait à un chien, son gros Pelu, qui se tenait tout près. Pour rien au monde, on ne l’eut fait goûter à du pigeon, ses bons amis qui la connaissaient tous, que si tendrement elle soignait… La petite boudeuse sortait de table alors, sans avoir rien pris, mais n’osant non plus rien dire. Séraphine, la confidente, presque toujours avait gardé quelque chose pour Ludine ; à elles deux elles le fricotaient.

Elle errait peu par le beau et grand jardin, de crainte qu’une maraude de groseille lui