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MÊME SUJET

Un bon vieux biberon ayant un jour traiter
À trois grands médecins, du vrai moyen d’ôter
La fièvre d’une soif qui le rendait tout blême
Messieurs, le leur dit-il, prenez tant seulement
Le souci de m’ôter la fièvre promptement,
Car je me saurai bien ôter la soif moi-même.

CXCI (page 241)
LES BONNETS
CONTE

Aux pieds d’un confesseur un ribaud pénitent
Développait sa conscience.
Père, lui disait-il, je viens bien repentant
Vous faire l’humble confidence,
Oue la chair fut toujours mon péché dominant
Tant pis, dit le Pater, mais enfin, mon enfant,
Le tems, grâce à la providence,
Met fin à la concupiscence.
Voyons à quel excès vous vous êtes porté.
Par le dérèglement trop longtemps emporté,
N’êtes-vous pas contrit ? — Si je le suis mon Père ?
Ah ! je ne puis assez gémir de ma misère !
Allons, tels sentiments montrent un vrai retour.
Parlez-donc, dites-moi vos fautes sans détour.
Et n’oubliez surtout aucune circonstance.
La façon de pécher décide de l’offense.
Continuez. — hélas ! mon Père, une Beauté
Que le hazard m’offrit, et dont je fus tenté
Me fit perdre en un jour toute mon innocence
Je l’aimai, je la vis avec toute licence.
Et l’amour dans ses bras, au fond d’un cabinet…
Je vous entends… son nom ?… — On l’appelle Bonnet
Bonnet ? je la connais ; comment donc ? adultère ?