oinos. — Parmi les hommes, mon Agathos, cette idée eût été considérée comme hérétique au suprême degré.
agathos. — Parmi les anges, mon Oinos, elle est simplement admise comme une vérité.
oinos. — Je puis te comprendre, en tant que tu veuilles dire que certaines opérations de l’être que nous appelons Nature, ou lois naturelles, donneront, dans de certaines conditions, naissance à ce qui porte l’apparence complète de création. Peu de temps avant la finale destruction de la terre, il se fit, je m’en souviens, un grand nombre d’expériences réussies que quelques philosophes, avec emphase puérile, désignèrent sous le nom de créations d’animalcules.
agathos. — Les cas dont tu parles n’étaient, en réalité, que des exemples de création secondaire, de la seule espèce de création qui ait jamais eu lieu depuis que la parole première a proféré la première loi.
oinos. — Les moindres étoiles qui jaillissent du fond de l’abîme du non-être et font à chaque minute explosion dans les cieux, — ces astres, Agathos, ne sont-ils pas l’œuvre immédiate de la main du Maître ?
agathos. — Je veux essayer, mon Oinos, de t’amener pas à pas en face de la conception que j’ai en vue. Tu sais parfaitement que, comme aucune pensée ne peut se perdre, de même il n’est pas une seule action qui n’ait un résultat infini. En agitant nos mains, quand nous étions habitants de cette terre, nous causions une vibration dans l’atmosphère ambiante. Cette vibration s’étendait indéfiniment, jusqu’à tant qu’elle se fût communiquée à chaque molécule de l’atmosphère terrestre, qui, à partir de ce moment et pour toujours, était mise en mouvement par cette seule action de la main. Les mathématiciens de notre planète ont bien connu ce fait. Les effets particuliers créés dans le fluide par des impulsions particulières furent de leur part l’objet d’un calcul exact, — en sorte qu’il devint fa-