cessant de la science a permis tout récemment de retrouver le secret perdu et si longtemps cherché de… (feu grégeois, trempe de cuivre, n’importe quoi disparu), dont les applications les plus réussies remontent à une époque barbare et très ancienne !!! — Voilà une phrase qui peut s’appeler une véritable trouvaille, une éclatante découverte, même dans un siècle de progrès incessant ; mais je crois que la momie Allamistakeo n’aurait pas manqué de demander, avec le ton doux et discret de la supériorité, si c’était aussi grâce au progrès incessant, — à la loi fatale, irrésistible, du progrès, — que ce fameux secret avait été perdu. — Aussi bien, pour laisser là le ton de la farce, en un sujet qui contient autant de larmes que de rire, n’est-ce pas une chose véritablement stupéfiante de voir une nation, plusieurs nations, toute l’humanité bientôt, dire à ses sages, à ses sorciers : « Je vous aimerai et je vous ferai grands, si vous me persuadez que nous progressons sans le vouloir, inévitablement, — en dormant ; débarrassez-nous de la responsabilité, voilez pour nous l’humiliation des comparaisons, sophistiquez l’histoire, et vous pourrez vous appeler les sages des sages » ? N’est-ce pas un sujet d’étonnement que cette idée si simple n’éclate pas dans tous les cerveaux : que le progrès (en tant que progrès il y ait) perfectionne la douleur à la proportion qu’il raffine la volupté, et que, si l’épiderme des peuples va se délicatisant, ils ne poursuivent évidemment qu’une Italiam fugientem, une conquête à chaque minute perdue, un progrès toujours négateur de lui-même ?
Mais ces illusions, intéressées d’ailleurs, tirent leur origine d’un fonds de perversité et de mensonge, — météores des marécages, — qui poussent au dédain les âmes amoureuses du feu éternel, comme Edgar Poe, et exaspèrent les intelligences obscures, comme Jean-Jacques, à qui une sensibilité blessée et prompte à la révolte tient lieu de philosophie. Que celui-ci eût raison contre l’animal dépravé, cela est incontestable ; mais l’animal dépravé a le droit de lui reprocher d’invoquer la simple nature. La nature ne fait que des monstres, et toute la question est de s’entendre sur le mot sauvages. Nul philosophe n’osera proposer pour modèles ces malheureuses hordes pourries, victimes des éléments, pâture des bêtes, aussi incapables de fabriquer des armes que de concevoir l’idée d’un pou-